dimanche 30 octobre 2011

Tout va bien...

je suis le maître du monde !!!!
(les 2 petits points blancs au fond, c'est papa et Thomas)
Je n'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment, un petit post pour vous dire que tout va bien, le Week end est souvent plus calme... alors nous profitons de la plage.

Bisous à tous

mercredi 26 octobre 2011

Toujours là...


/404Cette semaine est plutôt perturbante, après quelques jours ou plutôt quelques heures d’accalmie, c'est le retour en force des émeutes. Plus personne ne contrôle rien. Ce Week-end,  c'était "chacun pour soi", tout le monde gère au mieux son approvisionnement, fait des réserves, essaie d'anticiper sur la possibilité d'une aggravation du conflit.


Mayotte - 3.000 emplois menacés dans l indifférence généralePendant ce temps les gamins et des jeunes reconstruisent les barrages, volent, violent, caillassent en Grande terre. Cela devient insupportable. Aucune solution ??? De Sada à Mamoudzou, impossible de passer, il y a des barrages tous les 3 ou 4 km, avec le risque d'être pris à partis par des bandes de casseurs.
Les barges ont cessé de fonctionner de 9 h à 18h.


Sur Petite Terre, il y a du progrès, le lycée a ouvert presque "normalement" lundi, avec la moitié des effectifs, aujourd'hui dès 9 h, le proviseur a demandé à tous les élèves de grande Terre de rentrer chez eux... du n'importe quoi !! que fait on avec la poignée restante ??? de la garderie ???
Pour demain, j'ai décidé de ne pas préparer de cours. A quoi bon ??? Quelle motivation peuvent ils avoir ???
Mme le maire a convoqué TOUTES LES FAMILLES de Pamandzi pour parler du problème le 1er novembre, Belle initiative !!! Nous allons montrer l'exemple à Pamandzi.

En attendant, nous avons de quoi manger, ne vous inquiétez plus pour ça. On va s'en sortir. J'ai même réussi à me passer totalement de la gazinière toute la journée. Vive les grillades !!!

Bonne soirée


Mélina et son nouvel ami

dimanche 23 octobre 2011

Prêts pour le combat...

 Parce qu'aujourd'hui vivre à Mayotte devient une lutte de chaque instant, nous avons pris le taureau par les cornes et nous nous sommes équipés.
Avant toute chose, nous avons appris par un voisin gendarme qui travaille sur le port de Longoni ( là où arrivent tous les bateaux et conteneurs qui ravitaillent 80 % du marché mahorais), que tous les conteneurs arrivés depuis 15 jours sont repartis vers la Réunion ou Madagascar, sans aucune certitude de retour.
Même si la situation se "débloque", le temps que les supermarché repassent des commandes et que cela arrive il y en a pour 45 JOURS !!!!  Nous allons frôler la catastrophe sanitaire. Comment nourrir tout le département en attendant ???
Bref, nous avons su que Score allait mettre en rayon ses derniers stocks, et qu'il serait ouvert aujourd'hui dimanche, exceptionnellement, car demain la grève va se durcir. Hier soir j'ai par hasard trouvé un magasin d'électroménager qui avait encore un ou 2 congélateurs, nous sommes allés en acheter un, sans aucune certitude de pouvoir y mettre quelque chose dedans, mais bon...il faut pas trop hésiter dans ces cas là.
Aujourd'hui, debout à 6 heures, départ à 7 heures. Armés de patience Serge et moi sommes partis au supermarché. Déjà 300 personnes devant la porte quand on arrive. 


Les gardes mobiles font rentrer les clients par tranches de 40. Les caddies sont interdits dans le magasin, il faut tout porter à bout de bras... de quoi nourrir 5 personnes pendant 45 jours à bout de bras, même pas peur !!! Les rayons n'ont pas le temps d'être chargés qu'ils se vident aussi vite...

Bon qu'est ce qu'on mange aujourd'hui ???

On a quand même pu faire le "plein", Serge fait la queue à la caisse avec des sacs, cartons, packs à ses pieds et il pousse tout vers la caisse pendant que je vais de rayons en rayons. Bilan 300 euros de courses, on souffle, je pense que nous allons pouvoir tenir. 15 kg de riz. Il va falloir s'habituer car je pense que le pain va devenir un denrée rare faute de farine.
Serge et Emeric, on échange des recettes de cuisine ?
                                       
Pour le gaz, je m'organise différemment, la bouteille tient encore, mais au cas où, j'ai acheté un Rice cooker électrique, au pire on pourra cuire du riz et faire des grillades.

A tous ceux qui envisagent de nous envoyer de la nourriture cela ne sert à rien, il y a un embargo sur Mayotte, aucun colis postal ne passe... la poste ne veut pas devenir le premier fournisseur alimentaire de Mayotte, il y aurait trop d'abus.

Sur ce, aujourd'hui nous pouvons dire : bon appétit !!!!

samedi 22 octobre 2011

et 26, à quand la fin ??? et surtout laquelle ?

Hier, la ville a été débarrassée de la plupart des barrages et détritus qui l'encombraient. Les manifestants semblent avoir disparus... Retour à la normale ??? Impossible à dire.
Le supermarché incendié est investi par des enfants qui cherchent dans les décombres quelques trucs à récupérer. L'enseigne de ce magasin dit qu'elle n'investira plus à Mayotte, sur 26 "supérettes", 9 ont été pillées, saccagées ou brûlées, c'était le seul a avoir un magasin Hard Discount. Le plus grand groupe de l'île "Score" (Casino) a annoncé dans une campagne de presse qu'ils partaient aussi. Nous allons nous retrouver sans AUCUN magasin "normal". Une seule enseigne résiste, Somaco, un groupe pakistanais, il a était moins touché que les autres, ils ont des petites surfaces.  On va finir comme la famille Robinson Crusoé, obligés d'aller pêcher pour manger...

Mélina et Salim
En attendant, nous avons commencé à faire travailler notre bouéni, comme c'était convenu, elle s'appelle Rasmina, elle nous gardera les filles deux après midi par semaines et fera le ménage. Elle a un fils Salim de 3 ans, qu'elle emmène avec elle. Nous avons aussi un jardinier qui va venir 2 ou 3 fois par mois. Je vous parle de cela pour vous expliquer un autre problème majeur à Mayotte. En discutant avec un collègue mahorais j'ai pu me rendre compte du travail incroyable qui restait à accomplir pour redonner leur dignité aux travailleurs à Mayotte. Il m'a expliqué qu'une boueni était embauchée par les mahorais (qui en ont les moyens) entre 150 euros et 250 euros par mois, à plein temps... on est à la limite de l'esclavage. Il s'est vanté que nous les mzungus ne savions pas nous y prendre et que au mieux, on les payait 4,5 euros/h, imaginez les yeux qu'il a fait lorsque je lui ai dit que nous, nous avions décidé de payer notre femme de ménage 7 euros !!! J'ai eu beau lui expliquer que la fin de la "vie chère" commençait aussi par des salaires décents, rien à faire je crois qu'il m'a cataloguée dans la case "pigeon / vache à lait"...Il y a du travail pour changer les mentalités... Nous sommes en France, qui accepterait de travailler à plein temps pour 150 euros ???

Pour nous remonter le moral, nous avons décidé de sortir : un groupe se produisait sur Petite Terre, dans le jardin d'un café "le Sympa", nous avons pu apprécier de la bonne musique pendant quelques heures.



A bientôt

jeudi 20 octobre 2011

24ème jour de grève

Aujourd'hui le climat est étrangement calme, après une nuit de pillages, incendies, chasse aux casseurs....
La famille de la victime a voulu que l'on respecte ce jour de deuil, des marches ont été organisées, les lycées et collèges ont presque tous été fermées à l'initiative des chefs d'établissement.
Sur Petite Terre, la nuit a été agitée, un magasin totalement incendié, des caillassages de maisons et voitures de gendarmes... Ce matin je n'en menais pas large pour aller travailler, et puis surtout pour faire quoi ?? avec quels élèves ??? En supposant qu'il y en ait.
Un collègue m'a appelée à temps pour me dire de rester chez moi. Ouf !!

Du coup, on a fait venir notre jardinier, ils sont 6 chez lui et n'ont plus grand chose à manger, on lui a proposé de partager la récolte de noix de coco...Il est venu avec sa femme et deux fils. voici quelques photos de la cueillette, je ne sais pas pourquoi, Serge n'a pas voulu y aller ??? !!!! 
un jeu d'enfant de grimper là haut !!!

holala !! c'est lourd !!!
hum !!! c'est bon !!!!
               

mercredi 19 octobre 2011

bilan du jour : 1 mort

Depuis midi on sait que le jeune homme est mort d'une crise cardiaque. Il est élevé au rang de martyr, les gens sont furieux, il ne faisait pas bon vivre à Mamoudzou aujourd'hui. Mayotte est en deuil. C'est si triste d'en arriver là...
 ils ne se trompaient pas  en criant "je meurs de faim"....

Les magasins ont automatiquement fermé (peur de représailles). L'espoir d'un retour à la vie normale a été donc de courte durée. Je pense à tous ceux qui n'ont pas réussi (ou voulu) faire les courses hier et qui vont devoir affronter cette nouvelle période le frigo totalement vide... Beaucoup m'ont dit ne pas avoir eu le courage d'attendre des heures pour passer à la caisse. Nous, on a trois enfants, on ne s'est même pas posé la question !!!!
J'ai trouvé enfin du lait en poudre grâce à ma voisine, j'ai de quoi faire 15 litres. Malgré un frigo presque plein, on recommence à se rationner, on ne sait pas quand on pourra retourner dans un supermarché.

Demain, je retourne "pointer" au lycée, mais je doute que les lycéens s'en tiennent là.
Aux infos de 19 h le FSU (syndicat enseignant) appelle tous les parents à garder leurs enfants à la maison demain, et aux profs de faire prévaloir leur droit de retrait. Droit qui ne s'applique qu'en cas de force majeure, lorsqu'il y peut y avoir danger. Avec d'autres collègues nous avons décidé d'essayer d'aller au lycée demain, si il y a le moindre barrage, manifestation ou attroupement suspect, on fait demi tour.

EMEUTES DEVANT LES MAGASINS et A MAMOUDZOU

Depuis hier les magasins ont ouvert, la première fois depuis 22 jours. Le matin il y avait des queues de 300 à 400 personnes devant les portes d'entrée gardées par les gendarmes en tenue de commando (3 camions plein pour le Score de Petite terre). 3 heures pour rentrer dans le magasin, 2 h pour passer à la caisse. Les rayons ont été dévalisés.

Moi j'étais au travail je n'ai pas pu aller dans ce nouveau temple de la consommation, et je n'ai pas pu profiter des largesses de la déesse Carte Bleue.
 Au lycée des mouvements contre la vie chère ont éclaté, les élèves ont cadenassé le portail et ont mis le feu à des détritus et morceaux de bois devant le portail. Les profs n'ont pas pu reprendre le travail, la tension était à son comble de tous les côtés, les gendarmes et pompiers ont du intervenir pour nous "libérer", des profs se sont mis à paniquer, j'ai entendu les mots "prise d'otages", "caillassages", "violence"... certains collègues étaient dans un état de stress intense, le manque de nourriture, la fatigue, la peur...

La plupart ont pris cela comme il se doit, une manif de lycée presque classique, avec une grande partie des élèves qui profite de la situation pour "sécher" les cours. Dès que le proviseur a fermé le lycée par mesure de précaution, les revendications sur la vie chère et la faim se sont envolées en un instant et tous les élèves sont repartis chez eux !!! et surtout pas manifester dans les rues pour montrer leur problèmes..... On voit bien où est leur motivation.

L'après midi, puisque je ne travaillais pas, je suis allée comme tous mes collègues faire les courses, l'entrée du magasin était libre et fluide, pour cause, les clients du matin ont vidé le magasin, il n'y avait plus de lait, de beurre, de café, de yaourts....J'ai pris tout ce que je pouvais prendre pour tenir une semaine ou deux et j'ai mis deux heures pour passer à la caisse. Cela faisait 4 semaines que je n'avais pas poussé un caddie et que je n'avais pas utilisé ma carte bleue, j'ai même eu peur d'avoir oublié mon code secret....

Ce matin j'ai essayé de retourner au magasin, impossible de s'approcher c'est pire qu'hier matin, cela peut être dangereux, je rentre, tant pis pour le lait... Je rencontre un collègue, qui me dit que le lycée est de nouveau fermé aujourd'hui. Je ne le savais pas, c'est mercredi, je ne travaille pas.


                                               
En tapant ces mots j'écoute la radio, en ce moment même, des émeutes incroyables ont lieu à Mamoudzou, une personne est à terre, les ambulances et les pompiers ont du mal à travailler, les manifestants sont très en colère. Cela dégénère, ils tapent sur les policiers, caillassent les voitures de gendarmes. Visiblement la personne touchée a dû avoir un massage cardiaque, s'il y a un mort, je ne sais pas comment cela va finir.

Du nouveau ce soir

lundi 17 octobre 2011

3 semaines

Voilà c'est la rentrée, nous avons décidé de ne pas envoyer les filles à l'école, sans savoir comment cela va se passer, on préfère qu'elles restent à la maison.
Thomas et moi on est parti travailler, vaillamment. Comme prévu j'avais beaucoup d'absents, les élèves se plaignent, ils ont faim et ils savent qu'à midi ils n'auront rien à manger. Heureusement, et comme par hasard quelques petits restaurants ont ouvert aux abords du lycée. Pourront-ils nourrir les 1400 élèves du lycée et les 1300 du collège pendant plusieurs jours???
Ce soir nous avons décidé d'aller voir ce que pouvait bien proposer à manger ces fameux petits restaurants et miracle, ils avaient des mabawas et des brochettes de poisson. Nous avons dû attendre une heure d'être servis mais après, les enfants s'en sont mis plein le ventre, vous auriez du voir Mélina elle a avalé 3 ailes de poulets et une brochette de poisson. Au dessert, il y avait même des yaourts. On est rentré dans une autre dimension où les ailes de poulets et les yaourt nature nous font délirer....
Les "livreurs" de ces restos sont en fait des militaires, qui doivent avoir leurs habitudes dans ce brochetti et qui peuvent facilement transporter de la nourriture depuis Grande Terre dans les bateaux de l'armée.  Tout marche comme cela ici.
Enfin ce soir, un vrai repas dans le ventre nous sommes d'attaque pour reprendre le travail, et continuer à soutenir le mouvement mahorais.  C'est sûr c'est plus facile.

La grève continue encore, on ne voit pas le bout du tunnel...

Bonne nuit

dimanche 16 octobre 2011

Bientôt prêts pour Kho Lanta

Du côté alimentaire nous approchons du régime de Kho Lanta,
 Mais la correspondance à cette émission ne s'arrête pas là. Il y a deux jours nous avons été réveillés, Serge et moi, par un intrus dans le lit. J'ai commencé à sentir des fourmillements sur les bras, le corps et pour finir sur les jambes, je me suis mise à hurler envoyant notre hôte sur Serge, qui dans le noir, ne sachant ce que c'était, l'a saisi dans la main et jeté dans un coin de la chambre. Il s'agissait d'un scolopandre d'une 15aine de centimètres. Voici la photo d'un spécimen pour vous donner une idée.                                                                     

Comme il est très rapide, je cours à la cuisine pour attraper un couteau, en ouvrant la porte un rat bondit de l'étagère vers la gazinière.

 Nouveaux hurlements, je réveille Mélina à 3 heure du matin, et armée de mon couteau de boucher je vais calmer Mélina : "c'est rien, ma petite, maman s'occupe de tout", et là au milieu de la chambre des filles je vois ..... un cafard.

Décidément s'en est trop pour une nuit. Serge et moi partons à la chasse, du scolo d'abord, que l'on réussi à débiter en tranches et qui continue à bouger, beurk !!!!. Du rat ensuite, nous commençons à le débiter en tr..., mais non! je m'égare, on est pas dans un film d'horreur quand même !!! Nous lui préparons un joli piège, auquel il se prendra sans problèmes dès le lendemain.
Nous finissons la nuit épuisés, et, il faut le dire pas très rassurés.
Depuis deux jours du coup Serge a laissé tomber la fabrication de la table basse, il nous fabrique un lit. Moi, je ne veux plus dormir par terre...

Bon sinon, pour les vacances, vous venez bientôt ??

samedi 15 octobre 2011

19ème jour de galère

Aujourd'hui on est tous dans un état second. Tout est fermé ou marche au ralenti, les gens font des réserves d'essence. Pourquoi ? mystère... on a toujours de l'eau et de l'électricité. Des collègues me disent que les collèges seront fermés lundi. A la radio aucune info. On ne sait plus ce qui se passe.
Les petites boutiques n'ont plus rien, on ne trouve plus que des haricots secs et quelques boites de tomates pelées et des gâteaux au goût douteux. J'ai trouvé  du café soluble à un prix exorbitant. Le marché aux légumes est encore approvisionné. J'ai donc pu acheter tomates, salades, concombre et courgettes. Par contre au port les pêcheurs n'ont plus de glace, alors il faut y être à l'arrivée des bateaux, les poissons partent en 5 minutes, depuis 10 jours nous n'y sommes jamais arrivés à temps.
Il me reste de la farine pour faire du pain, comme je n'ai plus trop de gaz je le cuis dans la machine à pain. J'ai du lait en poudre pour le matin, pour les filles uniquement.
Nous n'avons pas mangé de viande depuis mardi (une petite pensée pour Serge...). J'ai encore mes deux magrets mais je les garde pour le jour où le moral sera au plus bas, lorsque la bouteille de gaz sera totalement vide par exemple. On pourra les cuire au BBQ et imaginer que l'on fait un repas de fête.
Les bananes que l'on a récolté commence à jaunir, comme cela on a le légume (quand elles sont vertes) et le dessert (quand elles sont jaunes). Je crois que si cela dure encore longtemps, une des poules qui traînent dans notre jardin va passer à la casserole d'ici le week-end prochain. Les enfants comprennent bien la situation, ils ne sont pas très exigeants et prennent tout cela de manière très raisonnable. Mélina ne demande plus de petits suisses ni de yaourts depuis longtemps.
Solène a une nouvelle amie (Ingrid) elle a dormi à la maison hier. C'était super !!!

Bisous à tous ceux qui nous suivent.

PS. : pour mettre des commentaires il faut être membre et connecté

vendredi 14 octobre 2011

18 jours de conflit. Bilan : rien, le vide, néant, "hata",

J'attendais comme tout le monde l'allocution de notre chère ministre de l'Outre Mer qui s'est déplacée en personne aujourd'hui à Mayotte (Son Falcon m'a réveillée ce matin).
Bilan : rien ou presque, elle a su remettre tout le monde à sa place (syndicats, manifestants, conseillers généraux, parents de "casseurs", bouenis, supermarchés...) sans jamais remettre en cause la politique gouvernementale lamentable ici à Mayotte.  Seule proposition : donner aux familles qui ont moins de 600 euros par mois (familles souvent de 8 à 10 personnes !), des bons d'achats d'une valeur totale de 50 euros par mois pour acheter les produits de première nécessité et ce, jusqu'en janvier. Youpi !!! Il vont pouvoir s'en mettre plein le ventre à 10 avec 50 euros pendant les deux prochains mois...
Aucune stratégie politique, aucun décret permettant de fixer et de contrôler les prix. Dans deux mois tout sera à revoir et les prix s'envoleront à nouveau...
Les mahorais sont dégoûtés. La rue pleure, la majorité des manifestants sont rentrés chez eux. Une poignée se remobilise pour durcir le mouvement, à l'heure où je vous parle, je n'ai plus le coeur à rire, les barricades sont en train d'être remontées, un incendie à éclaté en centre ville de Mamoudzou, les forces de l'ordre sont sur le pied de guerre. La nuit sera longue, les jours  à venir encore plus. Lundi le travail va reprendre avec des ventres et des regards vides.
Nous avons reçu du courrier hier, mais apparemment c'était uniquement le courrier stocké dans le centre de tri de Mayotte. On nous a dit que la poste (en métropole) avait pour directive de ne plus rien envoyer en direction de Mayotte. Tant pis pour les colis de pâtés, riz, confiture, fromages... on attendra.
Aujourd'hui j'ai racheté des oeufs, des haricots secs, du lait concentré, du papier toilette, de la salade.
Un copain (bon pêcheur) nous invite demain, on pourra savourer du poisson je pense, ou encore des poulpes, des crabes ??? on se prend à rêver.  Nous, on apporte les bananes.
Allez !  on tiendra bien encore quelque jours s'il le faut.
C'est étonnant à quel point on parle de nourriture, quand on a plus grand chose à manger. Voir les pub à la télé commence à devenir une torture.

Bonne soirée à tous, nous allons regarder Kho Lanta histoire de nous donner quelques idées en matière de survie.

jeudi 13 octobre 2011

Le jour J

Le jour tant attendu par tout Mayotte est arrivé. Les négociations ont repris, la presse nationale est là. C'est aujourd'hui que tout se joue : l'espoir ou le chaos. Des milliers de personnes sont amassées à Mamoudzou et attendent les résultats, ce soir est un soir annoncé comme historique.
Des discussions sans fin à la radio, dans les rues, partout les gens ne parlent que de ça. La révolution mahoraise est en marche.
Croisez les doigts pour nous et pour tous les mahorais, demain sera un jour qui restera dans toutes les mémoires.

Nous partons ce soir chez des copains pour jouer au poker, au point où on en est... autant vivre dans la débauche la plus totale !!!

A demain

mercredi 12 octobre 2011

16 ème jour

Hier soir, nous avons su qu'une pizzeria était encore ouverte nous sommes allés commander des pizzas à emporter. Quel bonheur !! Devant la pizzeria je me suis faite accoster par un homme "Pss, pss, Madame, je peux te parler ???" Je m'approche peut être veut-il me vendre quelque chose de  pas très net, j'envisage toute les possibilités, de la drogue peut être ???  Hé non, il voulait nous vendre des .......oeufs !!!!!! On a l'impression d'être retournés à l'époque du marché noir, tout se négocie dans la rue, en cachette, sous le manteau.
Nous sommes donc rentrés avec des pizzas et 30 oeufs, quel luxe !! on va pouvoir tenir au moins 4 jours de plus.
C'est devenu un jeu, on échange les bons plans, les idées, les recettes (comment accommoder des  bananes à la sauce "je n'ai plus rien dans le frigo"...).
A l'heure où je vous parle Mélina me réclame un sandwich avec du fromage, il vaut mieux en rire ou en pleurer ?? Du fromage, c'est quoi ce truc ?? Bon, il est 9h du matin je vais lui faire son sandwich, je cherche, je cherche .... la seule chose que j'ai à y mettre dedans ce sont des sardines à l'huile." Mélina ? ça te dis une sardine à 9h du matin ??? Oui, oui maman, chouette". Vous voyez il suffit de peu de choses pour rendre les enfants heureux. Moi l'odeur de la sardine le matin après le café ?? même pas peur...

Aujourd'hui ils ont décidé de bloquer l'aéroport, si les choses ne s'arrangent pas d'ici demain, les manifestants menacent de durcir le mouvement. Peut être vont ils mettre leurs menaces de coupures d'eau et d'électricité en pratique ??

Tout ça, ça me dépasse !!!
A ce soir

PS : A tous ceux qui m'envoient des mails sur ma boite, je n'arrive à l'ouvrir qu'un jour sur 4 en moyenne, alors j'ai du mal à répondre rapidement

mardi 11 octobre 2011

15ème jour

Bonjour, 

Grâce au sens de l'observation de Thomas on a pu être dépanné par un technicien de l'EDM (électricité de Mayotte) qui passait dans le quartier et qui est venu nous changer le compteur hier soir. Nous sommes sauvés !!!!
 Nous pouvons donc vaquer à l'occupation principale de toute personne vivant à Mayotte depuis 15 jours : trouver de quoi MANGER : salade, tomates, bananes...hier, j'ai trouvé des pâtes, miracle !
L'eau et l’électricité n'ont pas été coupées pour le moment je crois qu'ils gardent cela pour jeudi si les négociations n'aboutissent pas...
En attendant quelques boulangeries refont du pain, il faut y aller très tôt le matin car à 8h il n'y a plus rien, une fournée par jour jusqu'à épuisement total.
On recommence à circuler un peu en empruntant les axes secondaires. Aujourd'hui nous allons essayer d'aller à la plage de Moya.
On recommence à avoir des contacts avec nos copains mais vous imaginez bien que personne   n'invite personne, on garde tous notre bout de gras précieusement, c'est la jungle. Les gens n'osent même plus parler nourriture de peur d'être pris en flagrant délit de possession de viande. Je pense que je pourrais faire des affaires en vendant les magrets qu'il nous reste, j'en tirerais sans doute un bon prix...Mise à prix 150 euros, qui dit mieux ???

la seule photo du mariage que j'ai pu prendre, je ferai mieux la prochaine fois




A bientôt, bisous à tous

lundi 10 octobre 2011

14ème jour de grève

Hier je n'ai pas pu poster de message, nous sommes allés à la plage (à pied) à côté de l'aéroport, super début de journée qui nous a fait oublier les privations (qui sont encore minimes) que nous subissons.
En arrivant à la maison cela se gâte, notre compteur électrique (très approximatif) fait des siennes, et fait disjoncter toute la maison. Quand on essaie de la rallumer il y a des étincelles, pas très rassurant. Nous avons donc dîné aux chandelles en angoissant sur le fait que les trois derniers bouts de viande que l'on a dans le congélateur ne vont pas tenir bien longtemps... Les magasins sont toujours fermés on ne trouve plus rien à par des boites de légumes dans les petites épiceries, il n'y a plus de lait, de sardines (les seules protéines qui étaitent encore en vente !!!!), de gâteaux (c'est pas grave on fait du régime), cela fait des jours que l'on a plus de beurre, de yaourts...
Pour nous remonter le moral on va se balader et on tombe sur un mariage ouvert à tous avec des chants et danses traditionnelles. Dans la foule on repère notre voisine mahoraise (très sympathique) et elle nous apprend que dès demain la compagnie de l'eau  va couper l'alimentation. On est donc rentrés précipitamment et à la lueur d'une bougie on a rempli tout ce que notre maison peut contenir (bouteilles, casseroles, baignoire, seaux, glacières...).
Alors je me lève ce matin et je fais un petit bilan :
- nous n'avons plus la possibilité d'acheter à manger
- nous n'avons plus de compteur fiable (Serge l'a bricolé, mais il saute tous les 1/4 d'heure... jusqu'à qu'il flambe totalement je vais continuer à poster, promis). Pour l'électricité de toutes les manières les rumeurs courent qu'elle va être aussi coupée.
- si nous n'avons plus d'électricité nous n'aurons plus de téléphone, ni internet bien sûr
- il y a un risque que l'eau soit coupée
- il ne nous manque plus que de tomber en panne de gaz et ce sera la totale !!! car évidemment cela fait longtemps qu'il n'y a plus de gaz en vente sur Petite Terre et notre bouteille est .... à sec bien sûr !!!

La radio annonce la fin "probable" des négociations à jeudi.... 4 jours !!

Sinon tout va bien !!! On survivra très facilement à tout ça

A bientôt si je peux

samedi 8 octobre 2011

12éme jour

Aujourd'hui Serge a réussi à sortir de l'argent. Apparemment les infos de la radio ne sont pas toutes exactes, je crois surtout que comme tout est fermé, les gens ne sortent pas d'argent aux distributeurs car ça ne sert à rien. Les mahorais avaient tous anticipé la crise et ils ont tous fait d'énormes provisions avant le blocage. Ils vivent aussi de manioc, bananes, mangues, papayes, brèdes... de ce qui se trouve dans les jardins. Un syndicaliste très connu aurait fait des provisions pour deux mois avant le début des grèves.... Nous aussi nous vivons à la mahoraise, 20 kg de bananes, vous croyez qu'on va tenir ???
L'ambiance est tendue entre mahorais et mzungus, des rumeurs courent, et sont déformées et amplifiées. Ce matin par exemple le préfet aurait fait ouvrir le Jumbo Score pour qu'une poignée de mzungus puissent faire leurs courses. Dès que les manifestants l'ont su, ils ont stoppé les voitures et vidé leur chargement par terre, beaucoup se sont servis au passage, ce qui pouvait paraître comme un acte militant s'est transformé en agression, avec vol de portables... quel rapport avec les courses et la vie chère ??? Par la radio on sait qu'il y avait aussi des mahorais dans le supermarché mais les manifestants se gardent bien de le dire créant une tension entre blancs et mahorais.
Beaucoup de blancs téléphonent pour dire que la vie est chère pour eux aussi; on croit rêver !!!! Comment comparer la vie des mzungus qui ont en moyenne annuelle 4000 euros par mois et celle des mahorais qui ont un smic à 900 euros  qui doivent nourrir bien souvent 6 à 8 enfants et n'ont pas de minimas sociaux, les allocations familiales sont plafonnées à 150 euros environs quelque soit le nombre d'enfants !!!!
Je pense que cette "bataille" n'est pas la notre nous devons rester à notre place et laisser les mahorais se battre pour gagner un peu plus de dignité, inutile de les provoquer, cela me parait indécent.

Une nouvelle journée sans sortir, les hauts dignitaires mahorais en appellent à la fin des manifestations. On verra bien lundi.

vendredi 7 octobre 2011

La vie recluse de la famille Poser

En attendant que les évènements se tassent et que la situation trouve une amélioration, nous sommes à l'abri dans notre petit paradis.

A défaut d'aller à la plage on profite de la piscine


Serge bricole dans son atelier improvisé

Armandine se détend entre deux tâches ménagères

Solène travaille sa flûte traversière
Nous avons de quoi manger jusqu'à lundi, après on improvisera. Beaucoup de personnes n'ont plus rien. La petite épicerie a encore du lait et quelque boites de légumes, elle me fera peut être crédit, sinon je lui proposerai de payer avec un chèque. J'ai deux kg de riz, un kg de pâtes, des lentilles, il nous reste un poulet et deux magrets de canard, on va essayer de faire durer. J'ai une machine à pain et 3 kg de farine. Nous avons coupé un bananier donc nous avons un régime entier de bananes à cuire et nous avons des papayes dans le jardin. J'ai une yaourtière pour faire quelques yaourts. On vit dans une petite bulle à tord ou à raison, avec trois enfants inutile de prendre des risques inutiles.
Bisous


Bonne soirée à tous et à demain pour la suite des évènements

Grande déception

Un protocole a été conclu entre patronat, distributeurs, syndicats et manifestants. Il doit déterminer la baisse de certains produits de base (les 5 aliments les plus consommés à Mayotte : poulet, riz, sardines à l'huile, farine, tomates en boite). Ce protocole n'a pas été accepté par la base des manifestants car il a été jugé insuffisant, et donc, il n'a pas été signé par les syndicats. Le protocole prévoit par exemple une baisse des prix pendant 3 mois uniquement, les grands distributeurs ont proposé des prix à des personnes qui ne sont pas forcément au courant des tarifs pratiqués en réalité, ils ont proposé des prix qui correspondent en fait à des prix déjà proposés lors des promos par exemple, ce n'est pas une réelle baisse, ils conservent une marge encore très importante, cela ne favorise pas du tout les plus démunis. La population est déçue, on craint un durcissement de la manifestation et de la grève. La dernière en date avait duré 40 jours !!!!!!!!

On ne bouge plus. La radio est allumée toute la journée pour être informés de la situation, on observe le ballet des hélicoptères au dessus de la maison. On habite pas loin de l'aéroport, lieu stratégique.

11éme jour de grève

Les magasins sont tous fermés depuis lundi, jusqu'à hier matin seules les boulangeries et les petites épiceries de quartier étaient ouvertes. Aujourd'hui il n'y a plus de farine, il fallait s'y attendre donc les boulangeries ont fermé dés la première fournée de pains vendue. Dans les petites épiceries de quartier on ne trouve aucun produit frais, seulement des boites de conserve, de l'huile, du lait. Je suis allée acheter du papier toilette et 2 litres de lait, j'ai payé 8 euros. Notre argent liquide font à une vitesse incroyable. Il nous reste 10 euros, je ne sais pas jusqu'à quand les distributeurs seront bloqués. Les éboueurs ne passent plus, on parle de coupure d'eau. Si cela n'évolue pas d'ici ce soir, je pense que l'on va être bloqués jusqu'à lundi minimum. Il va falloir plusieurs jours pour que tout revienne à la normale.
On sort très peu, j'ai fait un tour avec les filles hier, mais la vue des barricades, les pneus en feu, les forces de police, les manifestants qui envahissent les rues principales, nous ont fait rebrousser chemin, car même si à Pamandzi c'est plutôt "bon enfant", on ne sait jamais comment cela peut évoluer. Il y a beaucoup de personnes dans les rues, des manifestants mais aussi des curieux. La radio répète en boucle qu'il faut rester à la maison, ne pas sortir, alors nous limitons nos déplacements.

En attendant, télé, lecture, bricolage pour Serge (il nous fait une magnifique table basse), jeux pour les enfants, et TERRRRRRIBLEEEEE ennui pour Thomas.

A ce soir je vous ferai un bilan de la situation

jeudi 6 octobre 2011

Émeutes à Mayotte

Mayotte s’enflamme depuis 10 jours maintenant et, ce qui incroyable c’est que sur les chaines nationales personne n’en parle.
 Les manifestations ont commencé il y a un peu plus d’une semaine à cause de la « vie chère », ici, à Mayotte les prix ont flambé depuis un an. Les produits de première nécessité sont 2 à 3 fois plus chers qu’en métropole. Le lait 1er prix par exemple est à 1euro20, j’ai vu certains paquets de farine vendus 4 euros (à cause de la pénurie organisée par des spéculateurs la semaine avant l’Ide).
Les gens en ont ras le bol de se faire plumer, leurs revendications sont légitimes. 
Le problème c’est qu’aujourd’hui ce sont des bandes de casseurs qui ont pris l’île en otage, on ne peut plus circuler en voiture, ou en scooter, la barge ne fonctionne presque plus. Des barrages payants sont organisés un peu partout, des bandes d’enfants de 6 à 15 ans les occupent, sans aucune surveillance d’adultes, qui par derrière doivent bien en profiter. Les magasins sont pillés et incendiés. On estime à 4000 le nombre d’enfants vivant dans la forêt de manière clandestine car les parents ont été renvoyés dans les Comores en les abandonnant ici. Ceux sont eux qui font la loi maintenant sur Grande terre.
Nous sommes sur Petite Terre, l'ambiance y est plus calme. Des blocages sont organisés mais ils sont sous contrôle d'adultes et de syndicalistes. On évite de sortir car tous les magasins sont fermés et de toutes les manières ils ne sont plus ravitaillés. Nous sommes à l'abri dans la maison, nous avons de quoi manger pour quelques jours. 
Ne vous inquiétez pas trop, nous habitons loin des supermarchés qui sont la première cible des manifestants.

A bientôt